lundi 13 juin 2016

Sucre la blanche

Suite de nos pérégrinations boliviennes à Sucre, que nous rejoignons le 18 mai au soir, en bus depuis Potosi, et où nous prenons nos quartiers à 2 pas du mercado central en plein cœur de la cité, contents de redescendre à des altitudes plus conventionnelles, à moins de 2500m, de la rigolade quoi !

Sucre la blanche donc, en raison de la couleur quasi uniforme des splendides bâtiments coloniaux du centre-ville, chaulés jusqu’à les rendre d’un blanc éclatant, et non pas parce « le sucre, ben c’est blanc », comme le pense le petit – de plus en plus grand – Alexandre.
Comme nous sommes en plein dans les moments culturels du voyage, on va continuer nos efforts pour vous cultiver et vous tirer vers le haut, à défaut du Très Haut. N’est pas bigot qui veut.
La ville doit son nom, non pas à ce qui agrémente nos fraises n’en déplaise au mini-moi cité plus haut, mais au général José Antonio de Sucre (comme d’hab, là encore avec l’accent espagnol SVP), compagnon de luttes puis d’infortune de Simon Bolivar, libérateur de l’Amérique du Sud, en tous les cas des pays des hauts-plateaux andins ! Ça vous la coupe hein ! Toujours cette histoire de confiture, moins on en a, plus on l’étale.
Dernière précision, mais de taille comme Pierre, Sucre, loin d’être la plus grande ville de Bolivie (à peine plus de 200 000 bonnes âmes, loin du million et quelques de La Paz, Santa Cruz ou encore El Atlo), en est malgré tout la capitale culturelle, et même carrément la capitale tout court et c’est ce qui en fait le sel !
Enfin, voilà, parenthèses historico-géographico-politiques refermées, place à la visite. Un peu rôtis par nos jours sur le Salar et les transferts depuis Uyuni et Potosi, certainement un peu aussi par l’altitude, nous décidons rapidement de nous poser quelques jours afin de recharger les accus, prévoir des activités sur des ½ journées (ce qui permet accessoirement de faire l’école) et tout simplement retrouver parfois le plaisir simple de la glandouille, aussi bien pour les petits que les grands.
Nous passerons donc ces 4 jours entre flâneries et promenades dans la ville, avec quelques pauses musées afin de donner un peu de vernis et une touche d’intellect à nos 6 mois de vacances. Nous découvrons donc l’art du tissage des Jal’qas, des Quechuas (qui l’ont même transposé à des articles de sport bon marché) et autres Aymaras. On tombera également, occasionnellement et sans crier gare, sur des vestiges de momies qui finiront de fâcher Alexandre avec les traditions funéraires Incas.
Niveau tissage, les filles, sur les conseils de jeunes français croisés dans notre hôtel, se paieront même une masterclass privée afin d’en apprendre toutes les ficelles. Super expérience et beaux résultats mais, apparemment, ce n’est pas encore demain qu’on pourra mettre à profit ces leçons pour en tirer de quelconques subsides. Belle rencontre en tout cas et c’est finalement le plus important.

Vous aurez sûrement remarqué sur les photos précédentes (sinon retournez y jeter un œil) les enfants jouant dans un parc et sur des manèges fortement marqués dinosaures. Jurassic Park ? Parc pour les grands-parents (on vous taquine !) ? Rien de tout cela.
Seulement, voici quelques dizaines d’années, des ouvriers travaillant à l’agrandissement d’une cimenterie et de son gisement ont vu un pan entier de falaise glisser et découvrir par la même occasion la plus grande collection d’empreintes de dinosaures fossilisées, certaines de plus d’1m30, plantées sur une paroi verticale de près d’un kilomètre de long et plus de 30 mètres de hauteur. Et oui, parce qu’à l’époque les dinosaures, comme les araignées, marchaient sur les murs et grimpaient les parois ! Qui l’eût cru !
A moins que ce ne soit les mouvements de terrain qui aient fait basculer des pans entiers de terrains durant la formation des Andes, permettant ainsi de conserver cette pépite. Moi je ne sais plus trop, renseignez-vous de votre côté, mais quoi qu’il en soit c’est balèze et ça a bien plu aux enfants, de même que l’environnement du site transformé en un petit parc sur le thème des dinosaures. Visite sympa, pas trop longue, pas trop culturelle et par beau temps. Que demande le peuple ?

Nous ne sommes cependant pas cantonnés à la ville, mais avons également pris une journée hors les murs pour parcourir un bout du Chemin de l’Inca (même si finalement des « Chemin de l’Inca » y en a, entre la Bolivie et le Pérou, à peu près autant que d’Incas à la grande époque) et découvrir les environs de Sucre et notamment le superbe cratère de Maragua... qui est tout sauf un cratère mais une dépression causée (encore) par les mouvements tectoniques (ce qui n’a rien à voir avec des jeunes habillés en fluo exécutant des mouvements improbables sous acides). On pourrait même parler de basculement et de plan synclinal pour ceux que ça intéresse.
Y en a (si si j’en connais parmi vous) qui se prennent pour le nombril du monde, et ben le cratère de Maragua, lui, se fait carrément appeler le nombril de l’Amérique du Sud ! V’là la grosse tête ! En même temps avec près de 8km de diamètre c’est vrai que c’est impressionnant et plutôt chouette à voir, les différentes déformations des terrains autour laissant apparaître des couches aux multiples couleurs.
Finir ensuite par un pique-nique en bord de rivière ne gâtera rien, bien au contraire.
Lors de cette balade, on aura aussi découvert en discutant avec notre guide, que pour les peuples andins de cette région, et plus largement d’une grande partie de l’Altiplano, on est très loin de la vénération des Incas et de leur empire. Conquérants et féroces, initialement seulement implantés autour de Cuzco et Machu Picchu, ils ont en effet régné en asservissant les peuples des territoires conquis. C’est peut-être d’ailleurs ce qui a facilité la rapide conquête des conquistadors espagnols.

Pour en finir avec Sucre, comment ne pas évoquer le mercado central. On y a mangé le midi, seuls touristes à la ronde, pour des prix modiques (10 Bolivianos – moins d’1,5€ – le menu complet, qui dit mieux ?) mais on y a surtout dégusté des jus de fruits frais et une salade de fruit d’un autre monde, là encore pour à peine 10 Bs.
Et oui parce que, en plus de tout ce qu’on vous a déjà raconté, Sucre c’est aussi, de par sa situation géographique entre hauts-plateaux andins et Amazonie, une place historique d’échanges. Les uns viennent y troquer ce qu’ils ont, leur viande et leurs peaux (de lama ou d’alpaga s’entend) de l’Altiplano, contre ce qu’ils n’ont pas que les autres ont à profusion, notamment les fruits et les légumes des régions tropicales. Sucre a conservé cette identité et cette tradition pour apparaître comme le plus bel endroit du pays pour déguster toutes sortes de fruits.
Bon peut-être qu’on pourrait y voir un lien, mais alors très lointain, avec les (quelques) perturbations gastriques qui ont agité nos petits ventres (seulement ceux  des grands fort heureusement) durant la semaine suivante. Ce serait quand même faire un mauvais procès, moi je mettrai plutôt ça sur le compte de l’altitude, de la fatigue et de Juliette.

Allez, on vous laisse et rendez-vous bientôt à La Paz, faut qu’on vous laisse on atterrit bientôt à Sao Paulo, direction les chutes d’Iguaçu.

Ah si, grande découverte de Sucre : on n'avait pas trop compris les tigres qui faisaient traverser la rue et les passages piétons à Potosi. Et ben à Sucre ce sont des zèbres et c'est comme ça partout dans les grandes villes en Bolivie. Ça doit sûrement avoir un lien avec la fâcheuse tendance des Boliviens à griller les feux et considérer les piétons comme des cibles.
La bise et restez zens !

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