samedi 18 juin 2016

Les pieds nickelés en Bolivie

Avant de vous parler du Lac Titicaca, de sa majesté, ses eaux limpides et ses îles, flottantes ou pas, comment ne pas, d’abord, vous conter notre arrivée sur place, entre coup de Trafalgar, coup de stress, coup de sang et petit coup entre amis.
Oh, pas ici de trajets interminables dans des bus thaïlandais ou encore d’improbables acte de pirateries de corsaires des bacs à sable.
Non, juste les aventures, confinant parfois au ridicule, de 4 pieds nickelés en goguette, encore que, les enfants n’y étant, avouons-le, pas pour grand-chose, il serait plus juste de parler de 2 pieds nickelés en goguette. Juliette dans le rôle de Ribouldingue, votre humble serviteur dans celui de Croquignole, Filochard étant actuellement en disponibilité pour cause de négociations sur l’article 2 la Loi El Khomri.

Vous l’avez lu (on le sait parce que, nous, on l’a écrit), nous avons rallié les bords du Lac Titicaca en bus, de La Paz à Copacabana sans étape ni arrêt. Pas de questions à se poser, pas de frontière à passer. No souci, safe, sécure et tranquillou loulou pour des baroudeurs comme nous, rôdés que nous sommes depuis des mois de tribulations en tous genres.

Sauf que, y a toujours un sauf que.
En l’occurrence le sauf que, ce coup-ci, commence par une particularité de géographie du coin et de la position de la frontière péruviano-bolivienne.
La charmante bourgade de Copacabana est située sur une péninsule qui s’enfonce dans le lac et n’est accessible, par la route, que depuis le Pérou. Si on veut éviter de perdre son temps en formalités dues à un double passage de frontière, la meilleure solution, celle qu’emprunte tous les bus, est de traverser le petit détroit qui, côté bolivien, sépare le pays de ladite péninsule.
Jusqu’ici vous suivez ? Vous commencez à esquisser un sourire, une moue interrogative peut-être, vous demandant ce qu’on a bien pu trafiquer dans ce scenario simpliste pour que tout parte en quenouille. Patience, patience, j’y arrive.

Nous voici donc arrivés au port, sans que nous nous vîmes d’ailleurs 3000 ni n‘aperçûmes de prompt renfort, prêts à tranquillement traverser en ferry.
Sauf que.
Sauf que, subtilité des ferrys dans ce coin du monde (Cf. les photos), le bus prend un ferry mais nous, nous descendons du bus pour prendre une petite navette et attendre notre carrosse de l’autre côté.
Ça y est, vous entrevoyez le dénouement ? Et bien non, nous n’avons pas raté notre navette, ni le ferry. Non, quand même, de 1 on n’est pas si nuls que ça, de 2 si nous l’avions été, j’aurais titré cet article autrement, genre « Les sous-doués ratent le bac » pas exemple.
Nous avons traversé tranquillement, discutant avec nos compagnons de voyage, en l’occurrence une jeune Belge nommée Mathilde et deux anglais, Rowan (une demoiselle) et Jonathan qui était venu la rejoindre pour les vacances (sans David), et profitons d’attendre notre bus bleu (détail important) pour nous restaurer et faire une pause vidange pour toute la famille.

Sauf que.
Sauf que, et c’est là que comme toujours le diable se cache dans les détails, le détail d’avant a son importance : le bus bleu, ben en fait il n’était pas bleu. Donc, quand les filles sortent de l’atelier vidange (comprendre les toilettes pour les lents du bocal), je m’enquiers auprès de Juliette de la réalité de la supposée couleur de notre bus. Parce que, tandis qu’Alex guettait le débarquement du bus que tout le monde croit bleu, j’ai commencé à me demander (à lire en prenant un air étonné, à la limite de la panique) « Mais où sont donc passés tous nos bons amis du bus ? ».
A dire vrai, au final, la réponse est assez simple en fait : dans le bus, le bon, pas le bleu mais le vert avec dedans toutes nos affaires pour 6 mois, exception faite de nos passeports, portefeuilles et matos photo-informatique que nous avions, intuition divine et prudence céleste, choisi de garder avec nous. Y a même Winnie dans le bus, c’est pour dire.
Voilà le fond, presque la fin, de l’histoire : en bons branquignoles que nous sommes, rendus confiants par presque 5 mois sans trop d’encombres, on a juste laissé filer notre bus en bouffant des empanadas ! Pas mal comme histoire con, non ?

Bon autant vous dire que, quand on se rend compte de la boulette, on n’est pas hyper fiers, plutôt vénères et aussi, un chouia, remontés contre nos nouveaux ex-amis (ou ex-nouveaux amis) qui nous ont laissé tomber comme des m……
On monte finalement dans le bus bleu (au final, on l’aura pris quand même) pour aller à Copacabana essayer de retrouver nos affaires, à défaut de notre dignité.
Ben ouais, parce que rentrer chez soi après avoir été dépouillés, c’est triste mais ça arrive. Par contre, rentrer chez soi, la queue entre les jambes, parce qu’on n’est pas foutus de de se rappeler de la couleur d’un bus, c’est une autre affaire.

Je vous laisse imaginer l’état des troupes et la gamberge pendant les 50 minutes que durera le voyage en bus – bleu – en précisant seulement que, Chloé et Alexandre se révéleront les plus cools et philosophes (voire fatalistes) dans cette affaire, plus que Juliette et surtout bien plus que moi.
Dommage, la route semblait superbe...

Sauf que.
Sauf que, en arrivant et après avoir piqué un sprint dans la limite offerte par mes maigres moyens physique et 3700m d’altitude, j’ai retrouvé le chauffeur du bus et son bus… vide.
Sauf que, nos nouveaux-ex-nouveaux amis, étaient en bas du bus, patientant depuis ¼ d’heure avec toutes nos affaires, et même Winnie, parce qu’en fait ils étaient plutôt très sympas et le chauffeur du bus, qui ne nous a pas attendus malgré leur demande, carrément un enf…. de première.
Bon on s’en tire encore une fois à bon compte, on arrivera facilement à dealer avec la honte (cet article en est la preuve) et on s’en trouvera quitte pour offrir une bonne mousse à tout le monde, avec tous nos sacs et l'ami Winnie.

Merci à nos bons samaritains, on ne vous oubliera pas, ou peut-être juste un peu, comme une couleur de bus, mais en tous les cas merci.

On se dit parfois, en croisant des routards aux parcours extraordinaires (genre le vélo avec 3 gosses) qu’on pourrait le faire aussi, mais p’têt qu’en fait on atteint là « notre plafond de compétences » comme on dit dans les RH.
Y a encore du boulot, et au final vous vous rendez bien compte en nous lisant, que n’importe qui (même nous) peut le faire.

Pieds nickelés un jour, pieds nickelés toujours.
Croquignole, depuis l’avion qui nous emmène à Rio.

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